Quasi-accidents : pourquoi leur gestion est le meilleur levier de prévention

Les entreprises accordent souvent une attention prioritaire aux accidents déclarés, aux blessures visibles et aux dommages matériels. Pourtant, ce ne sont pas ces événements, parfois rares, qui permettent de construire la prévention la plus efficace. Ce sont au contraire les quasi-accidents, ces situations où un incident a été évité de peu, qui constituent le véritable cœur d’un système de prévention performant.

Malgré leur importance, les quasi-accidents restent sous-déclarés, mal analysés ou perçus comme secondaires. Leur gestion représente pourtant une occasion unique de renforcer la sécurité, d’améliorer les pratiques et d’éviter des accidents potentiellement graves.

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Qu’est-ce qu’un quasi-accident ?

Un quasi-accident, aussi appelé “near miss”, désigne un événement qui aurait pu provoquer un accident mais qui, par chance ou grâce à une barrière qui a tenu temporairement, n’a entraîné ni blessure ni dommage matériel. Il peut s’agir d’un outil tombant à proximité d’un opérateur, d’une glissade rattrapée au dernier moment, d’un engin de manutention qui frôle un piéton ou encore d’une fuite de produit qui est détectée avant qu’elle ne s’aggrave.

Même si ces situations peuvent sembler bénignes, elles révèlent des dysfonctionnements bien réels dans l’organisation, l’environnement de travail ou les comportements. Elles constituent de véritables signaux faibles, précieux pour comprendre où se trouvent les risques.

Pourquoi les quasi-accidents constituent-ils un levier de prévention essentiel ?

Les quasi-accidents sont le meilleur indicateur de prévention car ils mettent en lumière des risques réels avant qu’ils ne se transforment en accidents. Lorsqu’un quasi-accident survient, cela signifie qu’une chaîne d’événements a déjà commencé et que seules des circonstances favorables ont empêché un résultat plus grave. En les analysant, on peut agir avant qu’un accident ne survienne, ce qui permet de déployer des actions ciblées et efficaces.

Ils sont également beaucoup plus fréquents que les accidents. Dans la plupart des secteurs, pour un accident grave, on compte souvent des dizaines d’incidents mineurs et des centaines de quasi-accidents. Leur volume offre donc une base de données particulièrement riche pour comprendre les risques du terrain et identifier les zones ou les activités les plus fragiles.

Enfin, un quasi-accident révèle souvent une faille dans un processus : une procédure mal comprise, un équipement inadapté, un manque de formation, une mauvaise organisation ou même un risque émergent. En les analysant systématiquement, l’entreprise peut corriger ces failles en profondeur et renforcer durablement son système de management QHSE.

Pourquoi sont-ils si rarement déclarés ?

Malgré leur importance, les quasi-accidents restent souvent dans l’ombre. Dans de nombreuses entreprises, ils passent inaperçus ou ne sont pas déclarés. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Certains collaborateurs considèrent qu’un incident qui “n’a rien causé” n’a pas d’intérêt particulier à être signalé. D’autres craignent d’être blâmés ou de voir leur compétence remise en question, surtout dans des organisations où la culture sécurité n’est pas encore suffisamment “no blame”. Il arrive aussi que les salariés n’aient simplement pas le réflexe de déclarer ou ne sachent pas comment le faire.

Enfin, lorsque la procédure de déclaration est longue, complexe ou uniquement accessible depuis un poste de travail fixe, la probabilité de signalement diminue fortement. Le résultat est une perte d’informations précieuses et une sous-estimation des risques réels présents dans l’organisation.

 

Comment mettre en place une vraie démarche de gestion des quasi-accidents ?

Pour tirer pleinement parti de la valeur préventive des quasi-accidents, il est essentiel de faciliter et d’encourager leur déclaration. Cela commence par la mise en place d’outils simples d’utilisation, accessibles à tous, notamment depuis un smartphone sur le terrain. Une déclaration qui se fait en quelques secondes, sans obstacles administratifs, génère un volume d’informations beaucoup plus représentatif de la réalité.

La culture d’entreprise joue également un rôle fondamental. Une approche “no blame” doit être explicitement assumée et répétée. Les collaborateurs doivent comprendre que la déclaration d’un quasi-accident n’est pas un aveu d’erreur ou une critique du travail accompli, mais un acte responsable qui contribue directement à la sécurité collective.

Ensuite, l’analyse doit être réalisée de manière rapide, claire et constructive. Il n’est pas nécessaire de mobiliser des méthodes complexes pour chaque événement : l’essentiel est de comprendre ce qui s’est passé, d’identifier ce qui aurait pu se produire, de déterminer quelle barrière a failli et d’imaginer l’action la plus simple permettant d’éviter la répétition de la situation.

Enfin, il est indispensable que les collaborateurs voient l’utilité de leur démarche. Lorsqu’une action est mise en place suite à une déclaration, il est essentiel de le rendre visible. Un retour concret aux équipes renforce le cercle vertueux et encourage la participation. Les outils digitaux comme Winlassie jouent ici un rôle clé en permettant de centraliser les déclarations, de les analyser, de suivre les actions et de partager les résultats.

Un indicateur puissant de maturité sécurité

Une entreprise où les quasi-accidents sont déclarés régulièrement, analysés méthodiquement et suivis de manière visible est une entreprise où la culture sécurité est réellement ancrée. La fréquence de déclaration devient alors un indicateur de maturité : plus les collaborateurs signalent ces événements, plus ils se sentent impliqués et responsables de leur sécurité et de celle de leurs collègues.

Cette dynamique contribue naturellement à une réduction significative des accidents, car chaque quasi-accident traité représente un risque supprimé ou maîtrisé avant qu’il ne cause un dommage.

 

Les quasi-accidents ne doivent plus être considérés comme des événements anodins ou négligeables. Ils sont au contraire l’un des outils les plus précieux pour renforcer la prévention, améliorer les pratiques et anticiper les risques. Chaque quasi-accident analysé est une occasion unique de progresser et de sécuriser l’environnement de travail.

En adoptant une démarche proactive, en simplifiant la déclaration, en développant une culture positive autour du signalement et en mettant en place un suivi rigoureux, les entreprises peuvent réduire drastiquement la probabilité d’accidents graves. La gestion des quasi-accidents n’est pas un simple atout : c’est le pilier central d’une approche moderne, intelligente et durable de la sécurité au travail.

 

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