Les managers jouent un rôle crucial dans l’application des politiques de santé et de sécurité en entreprise, influençant directement la prévention des risques et le bien-être des collaborateurs.
Présentation de François LIET, Coach Conseil en Prévention Santé / Sécurité
François LIET : J’ai 57 ans, je suis ingénieur généraliste de formation. J’ai exercé pendant plus de 25 ans des postes de Directeur Santé Sécurité, donc Prévention en santé Sécurité, à la fois en entreprise dans le BTP, dans des services notamment environnementaux, et en organisations professionnelles.
Depuis septembre 2018, je suis installé à mon compte comme Coach Consultant en santé sécurité, pour tous ces sujets qui portent atteinte à l’intégrité des collaborateurs en entreprise.
En quoi la santé sécurité doit avoir une place centrale dans la politique d'entreprise ?
François LIET : Quand on parle de santé et sécurité en entreprise, on parle de trois choses fondamentales :
- D’accidents qui peuvent porter atteinte à l’intégrité des collaborateurs
- De risques qui peuvent porter atteinte au fonctionnement même de l’entreprise au niveau opérationnel
- D’obligations réglementaires qui peuvent avoir des conséquences également au niveau pénal
Ces trois sujets ont leur place au sein même de la politique de l’entreprise. C’est tellement vrai que les indicateurs sécurité sont en général de très bons indicateurs de performance tout court de l’entreprise. On ne peut pas être une entreprise saine au niveau économique si on n’est pas saint au niveau sécurité.
Quel rôle doivent avoir les managers dans la bonne application de cette politique santé sécurité ?
Le rôle des managers est clé sur les sujets de santé et de sécurité. Pour une raison simple et naturelle, c’est que les collaborateurs savent bien et sentent bien ce qui est vraiment important pour leurs managers. Un manager qui ne s’intéresse pas au sujet, il y a beaucoup de chances que les collaborateurs y soient sensibles.
En pratique cela veut dire quoi ?
Les managers doivent savoir en parler, c’est vraiment la première marche de la communication. Parler de façon crédible et si possible positive.
Je me souviens d’un manager qui arrive en réunion en disant : » Je vais vous parler de sécurité parce que le siège m’a demandé d’en parler ». C’est juste dramatique sur l’effet que cela fait sur les collaborateurs.
La deuxième étape importante c’est la cohérence. Un manager doit mettre en acte que qu’il dit en paroles. Très basiquement, de porter ses équipements de protection quand il va auditer une usine ou le chantier pour rencontrer ses collaborateurs. Plus difficile, savoir aussi arbitrer de temps en temps en fonction de la sécurité lorsqu’il y a des investissements importants. Enfin, dernière étape, et la plus délicate, c’est savoir instaurer un vrai climat de confiance autour de ces questions de santé et de sécurité. Pourquoi ?
Parce que c’est à cette condition là que l’on pourra avoir des remontées d’informations sensibles, les presqu’accidents, les situations dangereuses, voire les actes dangereux commis par des collaborateurs.
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En pratique, comment faire ?
Première chose, analyser les accidents et incidents qui surviennent. Deuxième chose, c’est identifier les risques principaux et les risques majeurs liés aux activités de l’entreprise. Troisième chose, c’est communiquer largement aux collaborateurs sur l’ambition de l’entreprise sur ces questions là. Quatrième élément clé, c’est mobiliser l’encadrement, les managers, afin qu’ils soient vraiment acteurs de cette politique. Cinquième chose, c’est de suivre périodiquement les actions engagées.
Si le manager s’intéresse au sujet, les collaborateurs vont le sentir, et le sujet de la sécurité va percoler au niveau de l’entreprise.
En pratique, les actions se déclinent de la manière suivante: On va parler de diagnostics, de plans d’actions, de formations, de suivi d’indicateurs, d’indicateurs de sécurité mais aussi d’indicateurs de performance au niveau prévention. Donc un suivi des actions qui ont été mises en place par les différentes équipes.
Je me souviens d’un directeur général qui me disait: » La sécurité c’est pas mon sujet, c’est sur le terrain que cela se passe. »
Il n’avait pas conscience que son comportement influençait le comportement de ses managers et donc de ses collaborateurs. Et un jour il a changé, il a commencé à faire des visites sécurité, il allait sur le terrain rencontrer des collaborateurs en respectant les consignes et en portant les équipements de sécurité nécessaires. Ça a eu un effet impressionnant, c’est à dire qu’en 2 ans, les accidents ont été divisés par deux, les collaborateurs se sont rendu compte que c’était important pour lui, que ça rentrait dans le métier, que ce n’était pas quelque chose que l’on faisait en plus, simplement pour la communication.
Il avait vraiment pris conscience à ce moment là de son rôle et de son impact en tant que manager. L’impact sur ses collaborateurs directs et sur l’ensemble des collaborateurs de l’entreprise, et à quel point son comportement influençait le comportement des autres. Donc quelque part, la sécurité l’a aussi aidé à rentrer un peu plus dans sa fonction de manager.
Qu'est-ce que la QVT (qualité de vie au travail) ? Comment se traduit-elle dans le quotidien de l'entreprise ?
Parmi les risques majeurs, il faut bien sûr mentionner la QVT, la Qualité de Vie au Travail, qui regroupe ce que l’on appelle les risques psychosociaux (RPS). Ce sont des risques qui sont devenus majeurs en entreprise, qui concernent le surmenage, la surtension, voire parfois la sous-tension des collaborateurs.
Cela peut avoir des effets préjudiciables dramatiques dans nos entreprises aujourd’hui, en matière de présentéisme, en matière d’absentéisme, ou de désengagement d’une façon générale. Il faut donc les traiter comme un des risques majeurs aujourd’hui, moins visible qu’une chute de hauteur ou qu’un risque électrique, mais au moins aussi important en matière d’impact.
L’enjeu, pour être pragmatique, c’est un enjeu d’engagement ou d’éviter l’absentéisme. Très clairement, un collaborateur qui décroche pour une raison ou pour une autre, un collaborateur qui ne vient plus travailler ou qui vient travailler avec beaucoup moins de jus et donc beaucoup moins d’engagement. Il y a effectivement des effets très préjudiciables qui peuvent être désastreux pour l’entreprise parce qu’un collaborateur qui décroche, c’est une équipe entière qui est affectée.
En pratique, là aussi des solutions existent, et très concrètement cela se voit en résultats sur l’absentéisme. Une entreprise qui s’occupe de ces sujets là voit en général son absentéisme diminuer de moitié. C’est quand même très important en terme d’énergie de l’entreprise et donc en matière économique aussi.
La première marche et souvent la plus difficile à franchir, c’est d’accepter d’en parler. Ensuite, faire en sorte que les managers s’intéressent et osent traiter le sujet. C’est d’autant plus délicat au niveau des managers, que ce sont eux qui sont souvent les premiers concernés par ce sujet, par ce surmenage et par cet équilibre vie professionnelle et personnelle difficile à atteindre.
Là aussi, c’est une compétence managériale qui peut s’acquérir et qui devient même fondamentale à acquérir aujourd’hui.
Des logiciels de gestion des risques peuvent-ils vous aider ? Quels sont les bénéfices ?
Nous sommes entrés dans l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle, et la sécurité n’est pas absente de cette révolution. Elle doit s’appuyer bien sûr sur des logiciels de qualité. Le premier domaine concerné étant certainement l’identification et la maîtrise des risques, qui est au coeur du sujet de la prévention.
Des logiciels comme Winlassie, que j’ai pu utiliser en entreprise répondent pour moi à deux obligations majeures, importantes et complémentaires. La première, c’est qu’ils nous permettent de traiter l’ensemble des risques, une obligation réglementaire depuis 2001. La deuxième chose, très utile pour les préventeurs et pour les managers, c’est de permettre d’en sortir des priorités, donc de traiter les risques majeurs. Cela devient donc un véritable outil d’actions.
C’est ce que l’on avait apprécié lorsqu’on avait utilisé le logiciel Winlassie en entreprise, c’est de faire une obligation réglementaire un outil dynamique, et un outil de prévention.
J’ai en tête par exemple tout le Workflow que l’on mettait en place en entreprise sur la remontée des incidents, ce que l’on appelle les presqu’accidents parfois. Le fait de pouvoir les remonter rapidement, y compris sur une centaine de sites qui peuvent être répartis sur la France, permettent d’éviter des événements identiques qui pouvaient se produire dans une usine un peu plus loin.
Tout cela est possible à l’heure du numérique alors qu’avant il aurait fallu des semaines pour compiler et analyser. Cela permet donc une remontée d’informations et un partage d’informations tout à fait intéressant.
C’est vrai pour éviter les accidents, c’est vrai aussi en partage de bonnes pratiques. Une bonne pratique trouvée à un endroit qui peut être un équipement intéressant par exemple, peut être diffusée rapidement avec la vidéo qui va bien.
On peut aussi parler du e-learning, la possibilité de synthétiser une compétence, la déployer beaucoup plus rapidement à l’ensemble des collaborateurs. On évite ainsi les formations en présentiel que l’on avait dans l’ancien temps.
Quand on a cherché un logiciel pour notre gestion, maîtrise des risques et plans d’action, on a d’abord élaboré un chier des charges, et ce qu’on avait apprécié chez Winlassie, déjà deux choses:
- Le logiciel sur étagère correspondait à 80% de notre cahier des charges, donc une bonne partie de notre travail était déjà fait. et pour les 20% restants, on a fait d’une certaine façon un co-développement avec Winlassie et ce qu’on avait apprécié, que c’était la bonne taille d’entreprise.
- On craignait une entreprise trop petite qui finalement n’aurait pas eu les reins solides pour nous accompagner, et on craignait une entreprise trop importante pour imposer un produit dit propriétaire. Là on était dans une dimension de PME qui a permis un accompagnement personnalisé et nous a permis à nous d’obtenir finalement le produit que l’on voulait.
C’était tellement vrai au niveau accompagnement que l’on a continué à faire des mises à jour, on faisait évoluer le produit en fonction des retours des utilisateurs sur le terrain.
« Est-ce que vous pourriez rajouter une cartographie plus parlante sur les risques majeurs ? »
« Pourriez vous ajouter un lien avec les plans d’action? »
On fait un nombre de mises à jour que l’on ne compte plus, tellement on a fait évoluer le produit de semaine en semaine pour le faire correspondre parfaitement aux besoins des collaborateurs, et ça continue encore aujourd’hui.
C’est un logiciel que je n’hésite pas à recommander, parce qu’il est personnalisable, il est adaptable, il permet des mises à jour, permet de coller aux besoins de l’entreprise et aux besoins des utilisateurs.
On passe vraiment d’une obligation réglementaire à un support pratique et opérationnel, et ça c’est un vrai plus.